samedi 30 mars 2013

Cadre de référence et autres platonicités



« ki C k’a raison ? »

Nombreux sont les débats qui tournent à l’affrontement direct entre deux positions distinctes. Le résultat est généralement improductif. Les participants restent arc bouté sur leur position et les spectateurs sont, au mieux, dubitatifs et pas beaucoup plus informés, ou, au pire, ils n’auront retenu que ce qui confirment leurs convictions. Ce constat ne concerne pas seulement les joutes de l’arène médiatique mais également la plupart des « conflits » quotidiens.
Liste non exhaustive des sources de mésentente lors d’une discussion :

  • La question n’est pas clairement définie, en particulier sur l’objectif. Chaque participant répond à sa question  pensant que l’autre à la même ce qui n’est pas si souvent le cas.
  • Un constat différent sur la situation. Pourtant le monde réel est le même pour tous, et sauf mauvaise fois ou incompétences, nous devrions être d’accord sur l’observation de la réalité.
  • Une méthode d’analyse, un type d’approche différent et pas toujours explicite, souvent lié au fait qu’on ne répond pas exactement à la même question.
  • Un problème sémantique, le dialogue se faisant par les mots, il est fréquent d’employer des termes qui n’ont pas la même définition pour tous les interlocuteurs. De plus, les mots ont leurs limites, on le voie par exemple lorsque l’on cherche à traduire des concepts dans une langue où celui-ci n’existe pas (ex : le « tatemae » japonais est une notion très difficile à comprendre pour un occidental, approximativement le monde des apparences, il n’a pas le côté péjoratif du monde occidental et régie une part importante de la vie collective des japonais).

Une vision cartographique d’un monde complexe
 




La réalité étant d’une complexité inabordable pour l’esprit humain, celui-ci est contraint pour y vivre, de s’en faire une représentation simplifiée qu’il adapte selon les circonstances, ses capacités et ses besoins.
Ainsi, quelques soient les circonstances (y compris les plus quotidiennes) nous utilisons une représentation simplifiée de la réalité pour pouvoir y évoluer et surtout pour en discuter. Dans la majorité des cas de tous les jours, cette simplification est largement suffisante et beaucoup plus efficace qu’une tentative d’approche globale et complexe.




Tout est une question de point de vue.




Imaginons que 5 « individus » d’une autre dimension mais dotés d’une parole compréhensible arrivent chez nous. On donne à chacun d’eux l’une des 5 représentations de la Tour Effel ci-dessus. On leur demande de nous décrire la tour et de la juger (bien-mal, beau-moche, utile-pas utile etc..). Arrivant d’une autre dimension, ils n’ont aucune idée préconçue sur le sujet, un temps limité pour l’analyser et une information limitée à la photo. On peut aisément imaginer que chacun racontera une histoire différente avec un jugement différent.
Nous sommes constamment dans cette situation, on constate donc les limites de notre analyse, a fortiori pour les situations que l’on admet complexe. Personne n’est capable, y compris en étant physiquement sur place, de percevoir la Tours Effel dans sa globalité (chaque face simultanément, dans toutes les conditions environnementales possibles) en tenant compte de toute sa complexité (chaque poutre, chaque boulon…).
La théorie simplifie volontairement la réalité pour tenter d’en comprendre certains aspects, elle devient scientifique lorsqu’elle prend le soin de définir avec précision cette simplification (hypothèses de départ, problématique précise, limites des conclusions…).

Les cadres de références : la platonnicité pour expliquer la platonnicité.

Pour percevoir la réalité nous utilisons donc un cadre d’analyse, une grille de lecture, un point de vue, déterminé par notre éducation, notre culture, nos connaissances, notre sensibilité, notre empathie, et peut-être même par notre biologie et notre génétique (sensibilité à la dopamine notamment).


Tout ce qui sort du cadre nous est incompréhensible et/ou inacceptable. Ce cadre représenté en deux dimensions est une simplification, il devrait être à n dimensions avec n qui tend vers l’infini, mais une fois de plus, on simplifie la réalité pour pouvoir l’appréhender.


A priori, il faut que A et B aient un minimum en commun pour pouvoir discuter. Dans le cas contraire, ils peuvent ignorer jusqu’à l’existence de l’autre ou alors trouver sa perception aberrante voir inacceptable.
Dans le cas où chercher à acquérir une meilleure compréhension de notre environnement serait une voie souhaitable et en admettant qu’il n’y est pas, dans l’absolu, un cadre plus légitime qu’un autre, il serait plus judicieux de chercher à agrandir son cadre quitte à le décaler que de chercher à le repositionner, a fortiori en le réduisant.




Conclusion

Cette abstraction théorique à pour but de rappeler une banalité, tout le monde est différent et perçoit son environnement différemment. Plutôt qu’ « affronter » une position « adverse » sur ses conclusions, il me semble plus judicieux et plus productif de discuter du cadre qui a conduit à cette position. A priori, toute position de par son existence se justifie.





Ps1 : Ne me faite pas dire ce que j’ai écris, pour certaines questions, il y a objectivement des cadres meilleurs que d’autres, savoir comment ils sont construits permet le cas échéant de mieux les défendre ou de les faire évoluer.

Ps2 : les puristes m’excuseront des approximations, de la simplicité voir des erreurs, comme dirait l’autre : « tu connais peut-être le concept mais tu ne le domines pas. »


« Si je demande une cuillère pour manger un yaourt, je n’ai pas envie d'être interrogé sur :
- Pourquoi une cuillère ?
- Pourquoi manger ?
- Pourquoi la vie ?
Je veux juste une cuillère…»
 

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