dimanche 9 avril 2023

Petit guide d'épargne


Je dresse ici la plupart des  produits financiers qui permettent de se constituer un patrimoine. A peu de choses près, ils sont classés dans l'ordre dans lequel il faut les acquérir même si chaque épargnant à un profil différent. Bonne lecture !

Le LEP ou livret d'épargne populaire est un livret défiscalisé ouvert approximativement à ceux qui ne sont pas soumis à l'impôt sur le revenu. Son plafond est de 7 700€ mais on peut dépasser le plafond en cumulant les intérêts. Son taux est indexé à l'inflation et il est actuellement de 6,1% soit environ 500€ d'intérêt pour 2023 si on est au plafond. C'est le meilleur placement pour ceux qui y ont droit car il protège de l'inflation. Il y a un important non-recour sur ce produit. En effet, les banques ne le mette pas en avant. Donc, si vous n'êtes pas imposables, ouvrez un LEP et placez y le maximum !

Le livret A et le LDDS, livret de développement durable et solidaire sont les plus populaires des placements financiers. Ils sont ouverts à tous et leurs encours sont gérés par la Caisse de Dépôts et de Consignation pour financer le logement social et peut-être prochainement le nucléaire français. Le plafond du livret A est de 22 950€ et celui du LDDS est de 12 000€. Comme le LEP, on peut dépasser le plafond en cumulant les intérêts. Le taux du livret A et du LDDS est de 3% qui est inférieur à l'inflation de 5,5%. Ceci vient de la construction du taux qui est indexé sur un mélange de l'inflation et du taux d'intérêt à court terme de prêt interbancaire administré par la Banque Centrale Européenne. Ce taux est structurellement bas pour stimuler l'économie ce qui explique que le taux du livret A soit inférieur à l'inflation. Depuis peu, la BCE remonte le taux interbancaire pour lutter contre l'inflation. le S de solidaire du LDDS vient du fait que l'épargnant peut décider de distribuer ses intérêts à une association solidaire.

On estime qu'il faut se constituer une épargne de précaution de 6 mois de revenu sur ces livrets pour faire face aux imprévus (chômage, voiture, biens d'équipement). Toutefois, si vous êtes averses aux risques, il est conseillé de remplir au maximum ces livrets car ils sont sans frais, liquide, c'est à dire que les fonds sont disponibles à tout moment, et défiscalisés, vous ne payez pas d'impôts ni de prélèvements sociaux sur les intérêts.

Il reste un dernier type de livret que certaines banques proposent. Les livrets "boostés" dont le nom varie en fonction des établissements. Ils sont fiscalisés et rapportent moins que l'inflation donc ils sont à utiliser que si tous vos livrets sont au plafond et de manière temporaire. Par exemple, si vous percevez une somme importante, que tous vos livrets sont au max et que vous avez un projet à financer avec cette somme dans quelques mois. Dans le cas contraire, il faut mieux placer son argent sur d'autres supports comme l'assurance vie.

Le PEL ou plan épargne logement est un produit réglementé et défiscalisé ouvert à tous. Sous condition de versé au minimum 50€/mois pendant 4 ans, il permet de souscrire à un crédit à taux préférentiel pour des travaux ou l'achat de son logement principal. Or, ce taux préférentiel est depuis longtemps supérieur au taux d'usure, le taux maximum auquel les banques peuvent prêter, donc ce n'est pas avantageux. Toutefois, ceci pourrait changer avec la hausse actuelle des taux. Le PEL est rémunéré à 2% pour ceux ouvert en 2023 et 1% pour ceux ouvert depuis 2016, ce qui est bien inférieur à l'inflation et même au taux du livret A. Le PEL présente peu (pas ?) d'avantage et cela fait plus de 10 ans que les autorités réfléchissent à le supprimer.

L'assurance vie est avec le livret A, le placement préféré des français. Il offre des avantages fiscaux après 8 ans de détention et certaines garanties en cas de décès avant 70 ans. Il est très utilisé pour la transmission d'un patrimoine. On peut y investir sur deux types de supports non exclusifs, le fond en euro ou les unités de comptes. Le fond en euro a un capital garantie et est donc sécurisé. Il est rémunéré environ à 2%. Les unités de comptes sont investis sur les marchés financiers par l'intermédiaire, le plus souvent, d'OPCVM (organisme de placement mobilier à capital variable). Ces fonds sont constitués d'actions et/ou d'obligations regroupés par thèmes (géographique, sectoriel) et offrent un rendement qui varient en fonction des marchés financiers. C'est un placement risqué qui doit s'envisager sur le moyen/long terme. L'assurance vie est un produit relativement liquide, quelques jours pour effectuer un rachat partiel ou total. Il faut privilégié les banques notamment en ligne qui minimisent les frais (frais d'entrée, de sortie et de gestion). On peut régulièrement changer la réparation de son épargne, souvent un arbitrage par an gratuit, afin de maximiser son rendement. Par exemple, se mettre sur un profil dynamique lorsque les marchés sont dans un creux et sécuriser ses gains avec un profil prudent lorsque les marchés sont au plus haut. On estime qu'un profil type offrant un rendement correct pour un risque contenu est de mettre 75% en fonds euros et 25% en unités de comptes. L'assurance vie est le produits financiers à privilégier lorsque l'on a déjà acquis son épargne de précaution.

Le PER ou Plan épargne retraite est un placement illiquide. En effet, on peut le clôturer qu'au moment de la retraite ou pour acheter sa résidence principale. Son principal atout est sa fiscalité puisqu'il permet de déduire ses versements de son revenu imposable ce qui est très avantageux pour les hauts revenus aux tranches d'imposition élevées. Le PER est investi sur les marchés financiers selon différents profils choisi par l'épargnant en fonction de son profil de risque. Une gestion automatique diminue ce risque au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'âge de départ à la retraite. Il y a souvent mais pas tout le temps, des frais d'entrée, de sortie et de gestion. Ces frais ont été épinglés pour leurs excès par la cours de comptes et ont diminué depuis. Certains établissements, en particulier les banques en ligne, n'ont que des frais de gestion, ce qui améliore le rendement du produit. Le PER est un produit récent sans grand recul mais il répond au besoin de financement des retraites par capitalisation. On peut sortir en rente, c'est à dire qu'une somme est versée chaque mois jusqu'à la fin de la vie de l'épargnant soit en capital. Il faudra alors réinvestir la somme sur un autre produit comme l'assurance vie par exemple.

Le PEA ou plan épargne en actions est un produit risqué qui ouvre un avantage fiscal après 5 ans de détention. Il faut ouvrir le PEA chez un courtier et investir sur des actions européennes. Le rendement peut être très intéressant car sur les 30 dernières années les marchés financiers ont augmenté en moyenne de 7%/an dividendes réinvestis. Toutefois, tout est question de timming, un épargnant qui a placé son argent au sommet de la bulle internet en 2000 et qui a eu besoin de retirer ses fonds pendant le covid a perdu de l'argent. A l'inverse, celui qui a investi pendant le covid a fait une belle plus-value puisque les marchés sont au plus haut en avril 2023. Il faut une nouvelle fois privilégier les établissements en ligne qui ont moins de frais, 1€ l'ordre, contre les établissements traditionnels qui prennent d'important frais de garde pour chaque ligne d'investissement du PEA. On peut, pour maximiser la diversification, investir en ETF qui répliquent un indice. Par exemple, un ETF du CAC40 suivra l'évolution du CAC40. Idem avec des ETF sur le DAX, Euro Stoxx 50, SBF120 qui reproduisent les performances des principales entreprises cotées européennes. Je déconseille ce produit aux émotifs qui vont effectuer des arbitrages à chaque mouvement boursier qui les ruineront en frais. On peut, moyennant des frais supplémentaires, avoir une gestion pilotée par son courtier ce qui peut améliorer les performances.

Le compte titre est similaire au PEA mais sans avantages fiscales et on peut investir sur l'ensemble des marchés mondiaux. Il faut alors tenir compte des risques de changes quand par exemple on investie en dollars alors que sa monnaie domestique est l'euro.

Les produits structurés sont réservés aux détenteurs d'un important patrimoine financier. Ils sont investis sur les marchés financiers avec des frais relativement importants. En contre partie, il y a souvent un plancher à la baisse et un plafond à la hausse pour une durée d'investissement définie à l'avance.

Après les livrets et l'épargne de précaution, l'investissement dans sa résidence principale est ce qu'il faut faire pour se constituer un patrimoine. En effet, le remboursement du crédit immobilier ne doit pas être vu comme une dépense mais comme de l'épargne puisque vous acquérez en contre partie votre bien immobilier. L'investissement en immobilier locatif peut-être intéressant d'un point de vue individuel. En effet, une ville comme Le Mans a connu +25% du mètre carré en 5 ans ! Il faut toutefois tenir compte des frais annexes qui diminuent le rendement comme les impôts fonciers, les charges de copropriétés et l'entretien du bien. Il y a une pénurie de logement en France, donc même s'il y a un ralentissement du marché depuis la hausse des taux, je ne pense pas que le marché chute. Par contre, d'un point de vue collectif, je n'aime pas l'investissement locatif car il fait augmenter les prix et écarte une partie de la population du marché qui ne peuvent acquérir un logement en particulier dans les grandes villes et les lieux touristiques. Le patrimoine immobilier français est très concentré en particulier il est détenu par les retraités dans une large proportion ce qui contribue aux inégalités tandis qu'on demande aux actifs et en particuliers aux jeunes de faire des efforts pour financer le vieillissement de la population.

Selon Warrent Buffet, le meilleur moyen de devenir riche est de ne pas dépenser. Si malgré d'importants revenus on a d'importantes dépenses, notre patrimoine ne progressera pas. A l'inverse, si on épargne tous les mois malgré de petits revenus, sur le long terme on peut se constituer un patrimoine conséquent.

"L'inflation est l'euthanasie des rentiers". Keynes