mercredi 27 février 2013

Prix, valeur et pinard !

 
« Le prix c’est ce que tu payes, la valeur c’est ce que tu prends. » W.Buffet


Le prix et la valeur d’un produit sont deux notions différentes. Le prix est le montant affiché sur l’étiquette et que l’on va payer, généralement il s’agit d’un prix de marché fixé par le jeu de l’offre et de la demande.

La valeur est une notion individuelle, tout le monde n’accorde pas la même valeur à la même chose. La valeur d’une paire de lunettes pour un myope n’est pas la même que pour une personne qui n’en a pas besoin, pourtant le prix des lunettes est le même pour les deux personnes.

La valeur relative par rapport au prix est la valeur que l’on accorde au produit comparé à son prix, qui pourrait se rapprocher de la notion de rapport  qualité/prix.

Le prix relatif par rapport au revenu est le rapport entre le prix et le revenu du consommateur. Le prix relatif d’une montre à 200€ n’est pas la même si le consommateur gagne 1 000€ ou 20 000€.


Le vin c’est bon mangez-en !


Le prix d’une bouteille de vin est son prix de marché, soit le prix affiché auquel on peut en prendre possession. Un client achètera le vin dans le but de la consommer uniquement s’il lui accorde une plus grande valeur que le prix affiché (condition nécessaire mais pas suffisante).

Un consommateur peut rechercher la  bouteille avec la meilleure valeur absolue en fonction de sa disponibilité à payer.

Ou un consommateur peut rechercher la bouteille avec la meilleure valeur relative par rapport à son prix, soit le maximum de rapport qualité/prix selon ses préférences.


Une valeur marginale décroissante en fonction du prix :

Un vin à 30€ ne sera pas 6 fois plus appréciable qu’un vin à 5€. Et a priori, la différence entre un vin à 205€ et un à 230€ ne sera pas aussi importante entre le vin à 5€ et à 30€, pourtant il y a 25€ d’écart à chaque fois. En d’autre terme, le rendement gustatif est de moins en moins important à chaque nouvel euro dépensé.

Le prix du vin :

Les vins les plus chers sont en général des vins produits en petites quantités avec un faible rendement de la vigne pour garantir une bonne qualité. Le prix intègre la qualité du vin et sa rareté. Mais le vin doit également être un bien dit « bien de luxe » avec un effet Giffen. Toutes choses égales par ailleurs, un vin bénéficiant initialement d’un certain prestige verra sa demande augmenter avec son prix. Dans ce cas, on ne valorise plus le vin pour lui-même mais également son étiquette, le prestige d’avoir une bouteille d’exception.
Les vins d’exceptions sont donc a priori produit en petite quantité. Chaque année écoulée réduit le nombre de bouteilles disponibles par le fait que certaines sont consommées. Ce millésime devient donc de plus en plus rare, son prix augmente. Et s’il est sujet à l’effet Giffen, le fait que son prix augmente, augmente sa demande, rajustant son prix à la hausse.
Au augmentant la durée de garde du vin, on doit pouvoir augmenter le prix de la bouteille mais en tardant à la consommer, on augmente le risque de mauvaise garde et d’ouvrir une bouteille au goût détérioré. C’est ce compromis au cours du temps entre la rareté/prestige et le risque d’avoir un vin détérioré  qui  doit fixer le prix de marché d’une bouteille. L’effet Giffen doit aussi avoir une limite : à partir d’un certain prix la demande décroit comme pour un bien « normal ».

Le dilemme du collectionneur :

Un collectionneur averti a pu acquérir une bouteille pour un prix raisonnable et voir son prix augmenter. Il a le choix entre la revendre pour encaisser une plus-value ou la consommer.
Ici, survient  une règle psychologique en économie : on survalorise les pertes et on minimise les gains. Ainsi, toutes choses égales par ailleurs, un collectionneur aura plus de faciliter à renoncer à x€ de gains en ne revendant pas la bouteille alors qu’il n’aurait pas accepté d’acheter une bouteille à consommer maintenant à x€. Cela revient grossièrement à consommer une bouteille valorisée à son prix d’achat et non pas à son prix actuel. Pour le consommateur, le coût de la consommation de la bouteille est égal à celui qu’il a accepté de payer par le passé sans tenir compte du gain possible.
Autre possibilité, il valorise la consommation de sa bouteille à une hauteur plus élevée que le prix de marché, cela revient en théorie à refaire un achat : renoncer à x€ pour un plaisir valorisé à Y€ avec Y > X, ce mécanisme est plus contraignant que le premier pour expliquer la consommation d’une bouteille à forte plus value. Je pense que le premier mécanisme est plus « naturel » pour le consommateur.

La valeur du vin bis et le retour du bien de luxe.

 
La valeur d’une bouteille dépend donc des préférences du consommateur (prestige, goût etc..) mais le vin doit être un des rares biens dont on peut encore obtenir une utilité après sa consommation (et sa destruction). Sur  le même principe que des souvenirs de voyage valorisant à raconter ou à se remémorer, la consommation d’une bouteille prestigieuse peut continuer à apporter satisfaction des années après, satisfaction d’autant plus grande que le vin est renommé.

Les valeurs individuelles uniques sont agglomérées par le marché pour former la courbe de demande. Le prix sera alors fixé par sa rencontre avec la courbe d’offre. On peut imaginer le dilemme du producteur de vin prestigieux tenté d’augmenter sa production pour augmenter son volume de vente, réduisant ainsi la rareté de son produit et surement sa qualité ce qui réduirait la valeur du vin pour le consommateur qui sera moins disposé à payer un prix élevé.Tout comme on peut imaginer, la possibilité pour le producteur de majoré son prix pour profiter de l'effet Giffen (et augmenter la demande), au risque de fixer un prix trop élevé et de surestimer l'effet Giffen ce qui conduirait in fine à réduire la demande comme pour un bien ordinaire.

Le pur spéculateur de vin ne valorise pas le vin, il estime le futur prix de marché de la bouteille et valorise ses efforts (temps + traquas – plaisir à spéculer) pour effectuer la spéculation. Si la plus value estimée est plus grande que la valeur qu’il attribut à ses efforts alors la spéculation est rentable. Les amateurs de vin spéculent sur le vin car ils détiennent de l’information, s’ils détenaient des informations sur les pommes ils spéculeraient sur les pommes (hors effet d’image, de prestige etc).

Tout ça est à prendre avec des pincettes, en particulier le mode de fixation du prix du vin. Boisson qui m'est inconnu, je ne  bois  que du coca, donc la flemme de chercher des informations sur ce marché. Je donne juste des pistes.

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